Dans le cadre d’une approche novatrice appelée « Communities Care », des groupes de dialogue homogènes ont été mis en place dans les Aires de santé de Ngongolio à Beni et de Kasindi à Mutwanga en République démocratique du Congo (RDC). Ces groupes ont réuni des leaders communautaires, des jeunes, des femmes et des hommes pour discuter des normes socioculturelles et religieuses néfastes qui favorisent les violences basées sur le genre. Les activités menées ont permis de transformer ces normes et de promouvoir l’égalité des genres.
Plusieurs normes néfastes ont été identifiées lors des dialogues, telles que le non-refus des rapports sexuels par la femme à son époux, la priorisation de l’éducation des hommes au détriment des femmes, l’exclusion des filles de l’héritage, la limitation de l’accès aux services pour les femmes sous prétexte qu’elles ne respectent pas leur mari, et l’orientation religieuse encourageant les mariages forcés dans certaines églises.
Cependant, grâce aux séances de dialogue et de sensibilisation organisées par la SOFEPADI avec l’appui financier de UNICEF, ces normes ont été transformées pour promouvoir l’égalité des genres et le respect des droits des femmes. Chaque groupe de dialogue a joué un rôle crucial dans la transformation des normes sociales néfastes en organisant des séances de communication en grand public.
Ces séances ont permis de sensibiliser un large éventail de membres de la communauté, y compris des leaders communautaires, des jeunes, des femmes et des hommes, aux enjeux liés aux normes socioculturelles et religieuses qui favorisent les violences basées sur le genre. Au total, 50 437 personnes ont participé à ces séances, dont 27 868 à Ngongolio dans la zone de santé de Beni et 22 569 personnes à Kasindi dans la zone de santé de Mutwanga. Grâce à ces dialogues, les participants ont été encouragés à remettre en question ces normes discriminatoires et à les remplacer par de nouvelles normes qui promeuvent l’égalité des genres et le respect des droits des femmes.
Les nouvelles normes adoptées reconnaissent le droit des femmes à refuser les rapports sexuels non consentis, l’égalité des chances en matière d’éducation pour les filles, le droit des filles à l’héritage, la liberté de choisir un partenaire sans distinction de religion, et l’importance du rôle des femmes au-delà des tâches domestiques. Ces séances de dialogue en grand public ont donc été essentielles pour catalyser le changement au sein des communautés et créer un environnement plus égalitaire et respectueux des droits de tous.
Au total, 192 personnes ont été impliquées dans les activités, dont 96 à Kasindi et 96 à Ngongolio. Parmi elles, 168 étaient des hommes et des garçons, et 24 étaient des femmes. Chaque groupe de dialogue était composé de 12 membres, avec deux facilitateurs formés sur les violences basées sur le genre, l’approche Communities Care et la communication pour le changement des comportements.
Muhindo Kadafi, facilitateur du groupe de dialogue de leaders communautaire à Ngongolio, témoigne de l’impact transformateur de l’approche « Communities Care » sur les normes sociales néfastes. Il exprime son scepticisme initial, mais souligne les changements positifs qu’il a observés dans sa communauté.
» Au début, j’étais sceptique quant à l’impact que ces discussions pourraient avoir, mais j’ai été agréablement surpris. Nous avons pu discuter des normes néfastes qui existent dans notre communauté. Nous avons remis en question des pratiques comme le non-refus des rapports sexuels par les femmes à leur époux et l’exclusion des filles de l’héritage. Au fil du temps, nous avons vu des changements concrets se produire. Les hommes de notre groupe ont commencé à soutenir l’autonomisation des femmes, les femmes se sentent plus confiantes pour faire valoir leurs droits, et les jeunes remettent en question les stéréotypes sexistes. Cette expérience m’a transformé et je suis déterminé à défendre les droits des femmes. Je suis fier de faire partie d’une communauté qui travaille activement pour promouvoir l’égalité des genres. » déclare Muhindo Sikyolo Kadafi, Président de la jeunesse et facilitateur du groupe de dialogue de leaders communautaire à Ngongolio.
L’approche « Communities Care » s’est avérée efficace dans la transformation des normes sociales néfastes et la promotion de l’égalité des genres au Nord-Kivu en RDC. Les dialogues communautaires ont permis de sensibiliser les membres de la communauté aux droits des femmes et des filles, et de remettre en question les normes discriminatoires profondément enracinées. Cependant, il est important de souligner qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour consolider ces changements et assurer leur durabilité à long terme. La Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, joue un rôle crucial dans le renforcement de ces efforts. Leur partenariat vise à créer un environnement où les droits des femmes et des filles sont respectés et où l’égalité des genres est enfin une réalité. Il est impératif de continuer à soutenir ces initiatives et de promouvoir un changement social durable, afin de garantir une société plus juste et égalitaire pour tous les membres de la communauté.
La SOFEPADI oeuvre pour la promotion et la défense des droits spécifiques des femmes et des filles.
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