Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), nous souhaitons partager une histoire qui met en avant l’impact du projet « Tujenge Amani Léo », exécuté dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri qui a bénéficié du cofinancement de l’Union Européenne (UE) et de la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI). Ce projet a non seulement sensibilisé les jeunes et les femmes aux droits liés à la santé sexuelle et reproductive, mais a également contribué à réduire les VBG, transformant ainsi des vies.
Le projet a été lancé dans une région où les VBG étaient omniprésents, souvent exacerbés par le manque d’information et de ressources. En collaboration avec SOFEPADI et l’Union Européenne, une série d’ateliers et d’activités ont été organisés pour éduquer la communauté sur la santé sexuelle, les droits des femmes et les ressources disponibles pour lutter contre la violence.
Le projet a visé plusieurs objectifs principaux pour améliorer la vie des membres de la communauté. Tout d’abord, il s’agissait de sensibiliser la population à la santé sexuelle et reproductive, afin de garantir que chacun ait eu accès à des informations sur ses droits. Ensuite, nous avons cherché à créer des espaces sûrs où les individus pouvaient discuter des violences basées sur le genre (VBG) sans crainte de jugement, favorisant ainsi un dialogue ouvert et soutenant les victimes. Enfin, le projet a garanti un accès aux ressources et aux services de santé, permettant aux participants de bénéficier de l’aide pour leur bien-être physique et mental. Ces initiatives combinées ont visé à promouvoir une communauté plus informée, sécurisée et résiliente.
Le projet a mobilisé 130 pairs éducateurs, qui ont mené des séances de sensibilisation dans les écoles, les centres communautaires et les clubs de jeunes. Grâce à ces efforts, 14 086 personnes ont reçu des informations sur la santé sexuelle et reproductive ainsi que la lutte contre les VBG, incluant 5 190 femmes et 3 136 filles.
Cinq clubs d’écoute ont été établis, offrant un environnement sûr où les jeunes pouvaient discuter de leurs préoccupations et partager leurs expériences. Ces clubs ont été animés par des pairs formés, capables d’apporter un soutien émotionnel et des conseils pratiques.
Pour toucher un public plus large, 236 émissions de radio ont été diffusées. Ces programmes ont abordé des thèmes tels que la santé reproductive, le consentement et la lutte contre les VBG. Les jeunes ont été impliqués dans la conception des messages, garantissant que le contenu soit pertinent et accessible.
Les activités d’accompagnement des jeunes ont eu un impact positif considérable, permettant à 383 bénéficiaires d’augmenter leurs revenus grâce à leur participation aux formations socio-professionnelles après avoir bénéficié des activités génératrices de revenus (AGR). Ces formations ont non seulement fourni des compétences pratiques, mais ont également ouvert des opportunités d’entrepreneuriat, contribuant à l’autonomisation économique des jeunes.
L’autonomisation économique est une mesure de mitigation contre les violences basées sur le genre (VBG). En renforçant leur indépendance financière, ces jeunes sont mieux équipés pour se défendre contre les abus et les discriminations. Des suivis permanents ont été effectués auprès des jeunes qui ont entrepris des initiatives entrepreneuriales réussies, garantissant qu’ils appliquent les compétences acquises et continuent de progresser dans leurs projets.
Grâce à cet accompagnement, de nombreux jeunes ont pu développer des entreprises prospères, renforçant ainsi leur autonomie et leur confiance en eux. En devenant financièrement indépendants, ils réduisent leur vulnérabilité face aux VBG et contribuent à créer une communauté plus sécurisée et respectueuse.
Marie* (nom d’emprunt), une jeune femme de 22 ans, est l’une des bénéficiaires du projet. Avant sa participation, elle se sentait isolée et sans voix. » J’ai toujours eu peur de parler de ce que je vivais. Mon oncle procédait à des attouchements chez moi, et cela me mettait dans une situation très difficile. J’avais honte et je craignais de ne pas être crue.
Cependant, grâce aux discussions organisées par le projet, j’ai trouvé le courage de m’ouvrir à la responsable des pairs éducateurs. Elle m’a écoutée sans jugement et m’a aidée à comprendre que je n’étais pas seule et que je méritais d’être protégée.
Aujourd’hui, je ne vis plus cette situation qui me perturbait tant. J’ai retrouvé confiance en moi et en ma capacité à parler de mes expériences. Je suis reconnaissante pour le soutien que j’ai reçu, et je souhaite que d’autres puissent également trouver la force de s’exprimer et de se libérer de leur souffrance. « , explique-t-elle. Grâce aux séances d’écoute, elle a pu partager son histoire et recevoir du soutien, ce qui lui a permis de prendre confiance en elle.
Le projet a également encouragé l’utilisation de préservatifs, avec 4 576 personnes qui ont commencé à les utiliser. Cela a non seulement réduit les risques d’infections sexuellement transmissibles, mais a également renforcé le pouvoir des femmes sur leur santé reproductive.
« Au départ, j’étais sceptique à propos de la planification familiale et de l’utilisation de méthodes contraceptives. Cependant, grâce aux sessions de sensibilisation organisées, ma perspective a changé. J’ai réalisé l’importance de la participation de ma femme dans ce processus.
Nous avons discuté ensemble de nos choix en matière d’espacement des naissances. Sa décision de recevoir un implant, une méthode contraceptive efficace, a été une étape importante pour nous.
Aujourd’hui, je comprends que le choix de ma femme dans la planification familiale est essentiel. Cela ne concerne pas seulement la protection contre les grossesses non désirées, mais cela contribue également à sa santé et à notre bien-être en tant que couple. Je suis convaincu que chaque homme devrait soutenir sa partenaire dans cette démarche, car cela favorise un environnement où les femmes se sentent puissantes et en contrôle de leur santé reproductive.»
L’impact du projet va bien au-delà des chiffres. Les mentalités dans la communauté évoluent vers une masculinité positive, où les hommes et les femmes se sentent encouragés à parler ouvertement des violences basées sur le genre (VBG) et à soutenir les victimes.
Un membre de la communauté déclare : « Nous avons appris que la violence n’est jamais une solution. En tant qu’hommes, nous avons la responsabilité de protéger nos sœurs, nos mères et toutes les femmes de notre entourage. »
Cette transformation témoigne d’un engagement collectif à créer un environnement sûr et respectueux, où chacun peut vivre sans peur et où la solidarité entre les genres est valorisée.
Dans le cadre des efforts pour promouvoir une masculinité positive au sein de notre communauté, plusieurs hommes ont partagé leur parcours de transformation. Voici le témoignage d’un jeune homme qui a su redéfinir sa vision de la masculinité grâce aux activités du projet.
« Avant, je pensais que pour être un homme, il fallait montrer de la force, ne jamais montrer ses émotions et ne pas s’occuper des problèmes des autres. Mais depuis que j’ai participé aux activités du projet, ma vision a complètement changé. J’ai compris que la véritable force réside dans la capacité à écouter, à soutenir et à défendre ceux qui en ont besoin.
Aujourd’hui, je parle ouvertement des violences basées sur le genre avec mes amis. Nous discutons de l’importance de respecter les femmes et de les protéger. Nous avons appris ensemble que la masculinité positive ne signifie pas être faible, mais plutôt être responsable et empathique.
En tant qu’hommes, nous devons être des alliés. Nous avons la responsabilité d’élever la voix contre la violence et de promouvoir des relations basées sur le respect mutuel. Je suis fier de faire partie de ce changement et de contribuer à un avenir où chacun, peu importe son genre, peut vivre en sécurité et dignement. »
L’autonomisation des jeunes filles est un levier essentiel pour réduire les risques de violences basées sur le genre (VBG). Voici le témoignage d’une jeune femme qui a transformé sa vie grâce à l’apprentissage d’un métier, la coupe et couture.
« Avant de participer à l’atelier de couture, je me sentais vulnérable et exposée aux dangers qui m’entouraient. J’étais à risque et souvent préoccupée par ma sécurité. Cependant, tout a changé lorsque j’ai commencé ma formation en coupe et couture.
Aujourd’hui, je peux fièrement dire que j’ai mon propre atelier de couture, et cela m’a non seulement aidée à gagner ma vie, mais aussi à me protéger contre les VBG. Grâce à cette activité, je suis devenue autonome et capable de répondre à mes besoins. Cela m’a donné une nouvelle confiance en moi et m’a permis de retrouver ma valeur au sein de la communauté.
Les gens commencent à me respecter pour mes compétences, et je suis déterminée à aider d’autres jeunes filles à faire de même. En formant mes pairs, je contribue à créer un réseau de soutien qui renforce notre sécurité collective.
L’apprentissage d’un métier m’a non seulement protégée, mais a aussi ouvert des portes vers un avenir prometteur. Je suis reconnaissante pour cette opportunité et je suis déterminée à continuer à avancer sur cette voie, pour moi-même et pour les autres. »
Le projet Tujenge Amani Léo cofinancé par SOFEPADI et l’Union Européenne est un exemple de la manière dont l’éducation et le soutien communautaire peuvent transformer des vies. En réduisant les VBG et en promouvant la santé sexuelle, ce projet a ouvert la voie à un avenir plus sûr et plus équitable pour tous.
Alors que nous célébrons les 16 jours d’activisme, il est d’importance capital de continuer à soutenir de telles initiatives.
La SOFEPADI oeuvre pour la promotion et la défense des droits spécifiques des femmes et des filles.
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