L’an 2022 a touché à sa fin : il est donc grand temps de jeter un œil sur ce que nous avons réalisé tout au long de cette année. 2022 a malheureusement été marquée par des nombreuses crises humanitaires et situations de conflit qui ont entraîné des problèmes liés aux droits de l’homme. Grâce à l’élan de solidarité qui s’est mis en place, la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral a pu apporter son soutien en République Démocratique du Congo, avec un regard particulier dans la partie Est du pays.
Découvrez ci-dessous tout ce que nous avons pu réaliser d’autre en 2022 grâce à votre aide et à votre soutien.
Les violences sexuelles et celles basées sur le genre demeurent une source de préoccupation en RDC. Elles nécessitent une prise en charge psychosociale et médicale adéquate. 7 709 survivants des VBG ont été guéris psychologiquement après avoir bénéficié des conseils et soins de nos services. Parmi eux, 2 530 survivantes de violences sexuelles ont été accompagnées sur le plan médical au Nord-Kivu, en Ituri et à Kinshasa en RDC. Selon les témoignages enregistrés dans les zones d’intervention, soit par les survivants eux-mêmes ou par les membres de leurs familles, notre appui a été capital pour la réintégration des survivants de violences sexuelles dans leurs communautés y compris dans leurs ménages. 66 médiations familiales ont été enregistrées dans nos zones d’interventions.
L’assistance juridique gratuite est un instrument utile et nécessaire qui nous a permis de donner accès aux survivants des violences basées sur le genre à la justice au Nord-Kivu, en Ituri et à Kinshasa. Nous avons organisé au courant de l’année 2022 à Beni et Bunia, 2 audiences foraines. Au total, 377 dossiers des violences sexuelles ont été accompagnés, 65 jugements et 10 arrêts de la cour ont été rendus en faveur des survivants ayant sollicités ce service au sein de nos cliniques juridiques au Nord-Kivu et en Ituri.
Dans le but d’assurer l’auto prise en charge des congolaises, nous avons réinséré économiquement 509 Femmes et Jeunes filles sinistrées de l’éruption du volcan Nyiragongo, déplacées internées des conflits armés et survivantes des violences sexuelles au Nord-Kivu, en Ituri et dans la ville et province de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Elles ont bénéficié d’une assistance en activité génératrice de revenu (AGR). Une opportunité pour nous de contribuer à la pérennité financière et au renforcement de l’autonomisation de ces femmes et jeunes filles survivantes et vulnérables.
Grace à la réinsertion scolaire des enfants, 252 filles et garçons nés des viols, survivant/es et victimes des conflits armés en âge scolaire ont été accueillis dans des écoles primaires, secondaires et des universités au Nord-Kivu, en Ituri et à Kinshasa. Ils sont alors alphabétisés, éveillés et réinsérés dans la communauté. Alors qu’ils/elles avaient déjà perdu espoir de reprendre le chemin de l’école, ils ont bénéficié des kits scolaires, des frais scolaire/académique et des pains de survie. Dans tous les cas, ils bénéficient d’un environnement rassurant, stable et épanouissant.
Dans la ville et province de Kinshasa, nous avons ouverts 6 clubs scolaires de lutte contre les violences basées sur le genre et les exploitations et abus sexuels en milieu scolaire dans 6 écoles de la place. Ces clubs sont dirigés par des pairs éducateurs et des autorités scolaires outillés sur les violences basées sur le genre et les mécanismes de prévention en milieu scolaire. Pour la promotion d’un environnement sain, les pairs éducateurs sensibilisent les élèves à dénoncer tout cas VBG et EAS.
Notre appui au gouvernement a été renforcé à travers l’implication des autorités à tous les niveaux ce qui a favorisé réussite de nos interventions.
Plusieurs actions de plaidoyer ont été menées au niveau local, national et international en vue d’assurer une meilleure protection des droits spécifiques des femmes, le cas échéant, les travaux menés avec les députés nationaux sur la proposition de la loi sur les violences basées sur le genre en RDC. Cette action collaborative avec le Bureau de la Conseillère spéciale du Chef de l’Etat en matière de la jeunesse et lutte contre les violences sexuelles, la commission parlementaire des droits humains et quelques structures féminines a été une réussite innovante au cours de l’année 2022.
Nous avons reconnu dix femmes défenseures des droits humains à Bunia. Une façon pour nous de les remercier dans toutes leurs diversités à offrir des contributions uniques, notamment s’agissant de l’instauration et du maintien de la paix dans la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo.
Dans la localité de Mbau en territoire de Beni au Nord-Kivu, des femmes, filles, hommes et garçons se livrent à une lutte quotidienne pour satisfaire l’un des besoins les plus fondamentaux : se procurer de l’eau. Conscient des souffrances de cette population, nous avons construit un forage d’eau potable qui facilite 20 737 personnes un accès à l’eau potable. Quelque chose qui fait défaut dans cette partie de la RDC. Depuis sa construction les Femmes, Filles, Homme et Garçons qui parcouraient des kilomètres à la recherche d’eau ne sont plus exposés aux violences sexuelles et au kidnapping. Une amélioration des conditions hygiénique des accouchées à l’hôpital de Mbau a également été enregistrée.
La Présidente de la SOFEPADI, Madame Julienne Lusenge, accompagnée de son équipe, a visité au courant de cette année une dizaine d’orphelinats à Kinshasa, au Nord-Kivu et en Ituri. Ceci pour contribuer à l’amélioration de la prise en charge et la scolarité des enfants orphelins. Pendant ces visites, une assistance en vivres et non vivres était faite.
Au sein de notre clinique gynéco obstétrique « Karibuni Wa Maman » de Bunia en province de l’Ituri, nous avons réussi à intégrer le service complet (les soins préventifs et curatifs), disponible, sûr, répondant aux besoins de la population bénéficiaire. 7 439 personnes ont bénéficié des soins curatifs et préventifs avec une intervention de ressources humaines polyvalentes pour une action efficace (médecin, infirmier, sage-femme, laborantin…)
De nos actions, 7 765 adhésions aux soins curatifs et préventifs (CPN, CPON et CPS) ont été remarquables, 166 nouvelles adhésions à la planification familiale ont été enregistrée et 91 couples ont compris l’importance du suivi médical. Ceci a permis à ce que les communautés « Ituriennes » intègrent l’aspect de planning familiale dans leur mode de vie au quotidien.
90 femmes issues de services des gardiennages et de l’armée à Beni, Bunia et Kinshasa ont été capacitées sur leur droit et choix à disposer de leur corps à travers le Protocol de Maputo mais aussi sur leur droit à la santé sexuelle et reproductive. 60 personnels soignants des zones de santé de Beni et Bunia ont été formés sur la clarification des valeurs et de transformation des attitudes (CVTA) à Beni et Bunia. À Kinshasa, 8 organisations de la société civile des zones de santé de Lukunga, Ligwala, Selembao, Kinshasa, Masina et Makala ont été aussi formés sur la clarification des valeurs et l’accès à l’avortement sécurisé tel que clarifier par le Protocol de Maputo, ainsi que la disponibilité des soins complets d’avortement accès sur la femme. Au regard de ces activités, 22 femmes et filles ont ainsi bénéficié d’un avortement sécurisé au Nord-Kivu et en Ituri.
Pour contribuer à l’amélioration des soins dans les structures sanitaires que nous appuyons au Nord-Kivu, Ituri et Tshopo, nous avons renforcé les capacités des 145 prestataires des soins sur la gestion clinique des cas de viol, 450 agents psycho-sociaux sur l’accompagnement psycho-social des cas de viol et 150 acteurs judiciaires sur l’écoute, la collecte des preuves et l’instruction des dossiers judiciaires des survivantes des violences basées sur le genre. Les acteurs ont apprécié l’organisation de cette formation et la mise en œuvre des activités dans leurs provinces pour lutter contre les violences basées sur le genre, les exploitations et abus sexuels ainsi que les harcèlements sexuels dans le secteur de la santé.
Une augmentation d’engagement profond et durable de 145 leaders communautaires à être des modèles pour la transformation des normes rétrogrades à travers nos actions sur la masculinité positive a été notée au courant de cette année.
Pour mieux assurer l’accompagnement des survivantes et assurer leur suivi sécurisé, nous utilisons l’approche communautaire des « espaces sûrs et points d’écoute » au Nord-Kivu et en Ituri. Cette approche participe au changement des normes sociales pour développer les compétences de vie et en santé de la reproduction et donner aux femmes et filles les moyens de réduire leur dépendance en devenant des sujets autonomes.
Au courant de l’année 2022, nous avons aménagé et/ou réhabilité 13 espaces sûrs et 14 points d’écoute à travers nos interventions.
Nos actions de prévention sur les Violences Basées sur le Genre, les Exploitations et Abus Sexuels, la Covid19 ainsi que la cohabitation pacifique ont atteint 627 788 personnes à travers différentes radios locales et des activités des sensibilisations au sein de la communauté.
Dans les zones de santé de Karisimbi et Goma, nous avons engagé 30 discussions guidées et structurées avec 600 personnes (motards, leaders communautaires, médecins, infirmiers, étudiants, commerçants, techniciens de laboratoire, virologues et experts de vaccination) sur les préjugés et les vérités sur la vaccination contre la covid19 à Goma. Une phrase préliminaire d’un processus qui part de la mobilisation et du dialogue communautaire à l’adhésion de la population à la campagne de vaccination.
Pour améliorer la sécurité alimentaire des bénéficiaires 500 agriculteurs ont multiplié leurs revenus grâce à leur participation aux associations agricoles et AVEC (Association villageoise d’épargne et de crédit) que nous appuyons au Nord-Kivu et en Ituri.
Le volet élevage au sein de notre organisation dispose d’une grande importance économique et sociale, il joue un rôle particulièrement important dans la lutte contre les violences basées sur le genre, la pauvreté et les conflits au Nord-Kivu et en Ituri. En 2022, nous avons ciblé 225 bénéficiaires des activités élevage à Beni, Bunia, Mavivi, Mangina et Katoto. Ils ont bénéficié de 150 lapins, 15 poules, 5 coqs, 32 chèvres et 257 porcelet. Ainsi, 62 porcheries, 49 clapiers, 5 poulaillers, 32 chèvreries ont été construits à cet effet.
Dans le but de rendre les jeunes à risque résilient face aux crises, nous avons orienté 134 garçons et filles vers des centres de formation socio- professionnelle en vue de l’apprentissage des métiers selon leurs choix après avoir suivi des cours intenses sur le youth ready et l’entreprenariat social.
Quant au processus de cohabitation pacifique, la SOFEPADI a accompagné les communautés dans la résolution des conflits à travers les dialogues démocratiques, les médiations et les actions de plaidoyer auprès des décideurs locaux. Au total, 5 groupes de dialogues communautaires ont été mis en place, réunissant des acteurs majeurs de la cohésion sociale dans les villes de Beni et Bunia, les localités de Mavivi, Katoto et la commune rurale de Mangina. Des conflits fonciers aux conflits intercommunautaires passant par les conflits de pouvoir coutumier, les communautés ont été engagées à trouver à la base des solutions et à pérenniser les initiatives de cohabitation pacifique.
Six dialogues communautaires ont eu lieu dont le plus emblématique a tourné autour du conflit de reconnaissance de l’autorité coutumière du Chef de village de Bashu Bapakombe par le Chef de Groupement des BATANGI-MBAU, conflit datant de plus de 10 ans. Sous la facilitation de la SOFEPADI, ces deux chefs ont été rapprochés et un dialogue communautaire tenu en vue de mettre terme à ce conflit qui venait beaucoup durer. Au terme de celui-ci, un acte de conciliation a été signé entre les deux parties devant les autorités du Territoire et ville de Beni, les dignitaires coutumiers ainsi qu’un procès-verbal de reconnaissance du chef BAPAKOMBE par la famille régnante a été acté et adressé au chef de Secteur qui, à son tour, a amorcé les démarches de l’arrêté provincial de reconnaissance du chef BAPAKOMBE.
Plusieurs autres sujets notamment relatifs à la sécurité, le renforcement de la relation civilo-militaire, l’implication des jeunes et des femmes au processus de cohésion sociale ont fait l’objet des dialogues démocratiques et plaidoyers au Nord-Kivu et en Ituri.